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France : Les produits veggies ne pourront plus être étiquetés avec des termes associés à à la viande et au poisson

À partir du 1er octobre 2022, les produits végétariens et végétaliens produits en France ne pourront plus être étiquetés avec des termes associés à leurs homologues carnés, comme « saucisses », « lardons » ou encore « steaks ». En effet, un décret paru le jeudi 30 juin au Journal officiel établit qu’il « ne sera pas possible d’utiliser la terminologie propre aux secteurs traditionnellement associés à la viande et au poisson pour désigner des produits n’appartenant pas au règne animal ».

Un décret qui ne s’applique qu’aux produits fabriqués en France

Les entreprises françaises du secteur végétal déplorent ce décret, d’autant plus qu’ils ne s’appliquera pas aux produits fabriqués dans l’espace économique européen, ce qui pourrait amener certaines entreprises à ne plus vouloir produire en France. Le décret indique que les produits « légalement fabriqués ou commercialisés dans un autre État membre de l’Union européenne ou en Turquie, ou légalement fabriqués dans un autre État partie à l’accord sur l’Espace économique européen, ne sont pas soumis aux exigences du présent décret » (article 5).

« Après avoir poussé pour la réindustrialisation de la France, le gouvernement vient de passer un décret nous poussant à aller nous délocaliser. […] Des steaks végétaux produits en Espagne ou en Autriche et commercialisés chez nous ? No problem. Du bacon végétal français LA VIE™ produit en Vendée ? “Ah non, les consommateurs risquent de s’y tromper !” J’ai refusé d’y croire, mais non, ce n’est pas une typo. On produit 100% en France et on sera donc parmi les seuls pénalisés dans les rayons. Je n’aborde même pas le fait qu’on parle quand même d’alternatives végétales, une des clés pour réduire notre consommation de viande et donc faire face au réchauffement climatique… », s’est indigné Nicolas Schweitzer cofondateur et PDG de la startup française La Vie.

lardons La Vie
Lardons végétaux © La Vie

D’après ce décret, afin de pouvoir conserver les dénominations associés à la viande ou au poisson, les produits d’origine animale ne devront pas dépasser un certain pourcentage de protéines végétales (7% pour un steak, 3% pour une saucisse de Francfort et 0,5% pour des lardons). Il est également précisé que les « denrées fabriquées ou étiquetées » avant le 1er octobre 2022 pourront toutefois être commercialisées jusqu’au 31 décembre 2023.

Les filières animales appelaient à la transparence

Ce texte a été impulsé par les filières animales, qui le voit comme « une étape essentielle en faveur de la transparence de l’information au consommateur ainsi que de la préservation de nos produits et savoir-faire », d’après Jean-François Guihard, président d’Interbev, l’association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes.

L’Observatoire national de l’alimentation végétale (ONAV) a, quant à lui, déclaré que ce décret « place la France dans une position conservatrice, à contre-courant des enjeux actuels et de la politique européenne sur ces questions ». L’association L214, tout comme de nombreuses startups végétales, déplorent le fait que les lobbies de la viande et le gouvernement instaurent des politiques à ce point arriérées et qui considèrent le consommateur comme un idiot incapable de comprendre le terme « végétal ». Ainsi, de nombreux memes et montages s’amusant de la situation ont été publiés sur les réseaux sociaux depuis la publication du décret. En effet, qu’en est-il des « caviar d’aubergine », du « beurre de cacahuète » ou même des « fruits de mer » et des « œufs de Pâques » ?

L214
© L214

De plus, de nombreux produits vendus en supermarchés sont étiquetés avec le terme « végétal » alors qu’ils contiennent souvent des produits laitiers d’origine animale, des œufs ou encore des anchois ou de la sauce de poisson. Ne faudrait-il pas plutôt réglementer l’utilisation du terme « végétal » en le réservant uniquement aux produits 100% végétaliens ?

Vers une réglementation européenne ?

Tous les grands syndicats des filières animales ont salué le texte, tout en demandant au gouvernement de faire plus et de « porter le dossier à Bruxelles afin d’élargir le périmètre d’application à tous les produits, quelle que soit leur origine ». Dans l’Union européenne, la dénomination des produits végétaux par des termes traditionnellement réservés à la viande animale est autorisée, sauf pour les produits à base de lait animal, comme les termes « fromage », « yaourt » ou encore « lait ». Ce qui explique, par exemple, l’utilisation du terme de « boisson à l’avoine ».

Les filières animales demandent également à ce qu’une loi similaire s’applique aux viandes cultivées. Elles ont appelé à « protéger les dénominations animales par rapport aux aliments artificiels de synthèse« , c’est-à-dire aux produits obtenus par la culture de cellules animales, mais aussi de protéines microbiennes ou fongiques.

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