Mode et beauté

Quelles sont les alternatives véganes au cuir et pourquoi sont-elles si populaires ?

Pomme, cactus, liège, raisin, ananas, champignons, eucalyptus… Quel est le point commun de ces végétaux ?  Ils peuvent tous être utilisés pour faire du “cuir” végane, une alternative de plus en plus populaire en France et à l’étranger. 

Il y a un an, Infinium Global Research publiait une étude sur le marché mondial du « cuir » végane qui estimait que celui-ci atteindrait 89,6 milliards de dollars d’ici 2025, avec un taux de croissance annuel composé de 49,9 %, au cours de la période de prévision (2019-2025).

En France, les entreprises doivent toutefois faire attention aux termes qu’elles emploient. En effet, le décret 2010-29 du 8 janvier 2010 encadre l’utilisation du mot et précise que celle-ci est “interdite dans la désignation de toute autre matière que celle obtenue de la peau animale au moyen de tannage ou d’une imprégnation conservant la forme naturelle des fibres de la peau ». 

cuir végane
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C’est la raison pour laquelle de plus en plus d’entreprises choisissent de ne plus employer l’expression “cuir d’ananas” mais vont plutôt parler de Piñatex, le nom déposé du matériau naturel innovant fabriqué à partir de fibres de feuilles d’ananas. En outre, le succès de ces alternatives véganes auprès des consommateurs est tel que les matériaux comme le Piñatex ou le MuSkin (“cuir” fait à base de champignons) sont maintenant connus de nombreux consommateurs. 

De nombreuses marques françaises de chaussures et de maroquinerie véganes ont également vu le jour ces dernières années grâce à la disponibilité de ces matériaux innovants et de qualité.

Les consommateurs, véganes ou non, recherchent de plus en plus à consommer de manière éthique et se préoccupent de l’impact environnemental des objets qu’ils achètent. Une tendance qui s’affirme, à l’heure où la slow fashion gagne en popularité et où les conséquences néfastes de la surconsommation dans le milieu de la mode se font connaître.

raisin
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Selon l’ONU, 80% du cuir provient de pays en voie de développement dans lesquels les conditions de production et les normes environnementales sont peu réglementées. Au Bangladesh et en Inde, importants producteurs et exportateurs de cuir, les conséquences sont inquiétantes tant pour la santé des tanneurs et des locaux que pour l’environnement.

A Dacca, la capitale du Bangladesh, les tanneries rejettent 22 000 litres d’eau toxiques dans la rivière Buriganga qui traverse toute la ville. Cela a des conséquences catastrophiques non seulement sur la santé des habitants mais aussi sur l’ensemble de l’écosystème et des animaux qui le peuplent. En Inde, les tanneries représentent aussi l’une des principales sources de pollution du Gange.

tannerie
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De plus, les travailleurs manipulent des produits très toxiques (notamment du chrome, de l’arsenic et du formaldéhyde) et ne portent généralement ni masques ni gants. Dans le monde, 16 millions de travailleurs y sont exposés et 9 tanneurs sur 10 développent donc des maladies liées au traitement du cuir, notamment des cancers, des maladies respiratoires ou des maladies chroniques de la peau. D’ailleurs, 90% des travailleurs du secteur meurent avant l’âge de 50 ans. Dans certains pays en voie de développement, les enfants sont également embauchés pour travailler dans les tanneries, comme le dénonçait il y a quelques années Human Rights Watch. Malheureusement, cela reste d’actualité.

Aux coûts humains et environnementaux qui résultent de la production du cuir, s’ajoute celui des animaux sacrifiés pour leur peau. En effet, chaque année, plus d’1,4 milliard d’animaux, veaux, chevaux, et même des chiens et des chats, sont tués dans le monde.

Aujourd’hui, aucune réglementation n’oblige les marques à préciser l’origine du cuir utilisé : ni l’espèce de l’animal utilisé ni le pays dans lequel le tannage a été effectué.

cuir
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Enfin, il faut faire attention à l’utilisation du terme “cuir végétal”, qui sert parfois à désigner non pas un “cuir” végane mais un cuir animal dont le tannage a été réalisé non pas avec des produits toxiques mais avec des produits végétaux comme les plantes ou les écorces. Le tannage minéral, utilisant des produits toxiques, reste toutefois nettement majoritaire puisqu’il représente 80% de la production de cuir.

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