Etudes et Statistiques

Les nouvelles recommandations de l’INRAE suggèrent de proposer plus de repas végétariens et de supprimer la viande rouge des cantines scolaires

L’enjeu de la cantine scolaire est de fournir aux enfants des repas de bonne qualité nutritionnelle. Toutefois, avec la crise climatique actuelle et à venir, les gouvernements cherchent des solutions qui préservent au maximum l’environnement et limitent l’émission de gaz à effet de serre. En effet, l’impact des repas scolaires n’est pas négligeable puisqu’en France, 8,5 millions de déjeuners sont servis chaque semaine à la cantine scolaire.

Les repas proposés dans les cantines scolaires doivent donc évoluer pour répondre aux enjeux environnementaux et économiques actuels. Ainsi, l’étude de l’INRAE a tenté de répondre à la problématique suivante : Est-il possible d’ajuster les menus, pour diminuer l’impact carbone et conserver un équilibre nutritionnel ?

Des chercheuses de l’INRAE (l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) en coopération avec MS-Nutrition ont publié le 24 mars 2022 des travaux dans le European Journal of Nutrition qui recommandent de proposer plus de repas végétariens et d’éviter la viande rouge dans les cantines scolaires.

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En effet, les chercheuses affirment que servir aux enfants des repas végétariens trois fois par semaine et du poisson et de la viande blanche (porc et volaille) aux deux autres repas est « une piste intéressante pour concilier bonne nutrition et respect de l’environnement ».

Supprimer la viande rouge pour l’environnement et pour la santé

L’INRAE a identifié les leviers qui permettraient d’améliorer la durabilité des repas servis aux écoliers. Quatre leviers ont été sélectionnés :

  1. Réduire de 5 à 4 le nombre de composantes des repas
  2. Respecter les 15 règles de fréquence imposées par la loi et 5 recommandations supplémentaires spécifiques aux repas végétariens
  3. Augmenter le nombre de repas végétariens
  4. Éviter la viande rouge

    viande cultivée
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« Les leviers ont été analysés seuls ou en combinaison dans 17 scénarios différents. Pour chaque scénario, 100 séries de 20 repas scolaires ont été générées automatiquement, en couplant un tirage aléatoire de plats au sein d’une base de données de 2316 plats scolaires. La qualité nutritionnelle des séries de repas a été évaluée sur la base du score d’Adéquation Nutritionnelle Moyenne (ANM) pour 2000 kcal. L’impact environnemental a été mesuré par plusieurs indicateurs : émissions de gaz à effet de serre (EGES), potentiel d’acidification sur les écosystèmes terrestre et d’eau douce, utilisation de l’eau et des ressources fossiles, eutrophisation d’eau douce et marine et usage des terres » explique le communiquer de presse de l’INRAE.

Selon les résultats et les différents scénarios évalués, « augmenter la fréquence des repas végétariens jusqu’à 12 repas sur 20 et servir du poisson et des viandes blanches aux autres repas semble être le meilleur compromis pour réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre des repas scolaires en maintenant leur bonne qualité nutritionnelle ».

repas végétarien
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Changer la réglementation

Néanmoins, afin de mettre en place ce scénario, un changement de législation sera nécessaire. En effet, l’INRAE explique que : « Ce dernier scénario prometteur, incluant 3 repas végétariens par semaine, 1 fois du poisson et 1 fois de la viande blanche plutôt que rouge au 5ème repas, nécessite néanmoins une révision de la réglementation actuelle. En effet, cette dernière impose le service de viande rouge à l’école (au moins 4 repas sur 20). Réformer la restauration scolaire dans ce sens aurait un impact qu’il est important d’examiner sur les systèmes alimentaires, en considérant en particulier tous les acteurs des chaînes d’approvisionnement des marchés publics ».

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