Société

Projet TransFARMation : « Cela a suscité l’intérêt des agriculteurs, qui ont soudain vu des moyens de sortir de l’exploitation animale tout en restant agriculteurs et en produisant de la nourriture »

L’une des préoccupations des éleveurs et agriculteurs, concernant la montée en popularité des alternatives végétaliennes et la réduction de la consommation des produits d’origine animale, est le fait qu’ils puissent perdre leur source de revenus.

Toutefois, il s’agit en réalité d’un changement auquel ils peuvent s’adapter, tout comme les entreprises ont su, par le passé, s’adapter et se réinventer lorsque l’automatisation et les machines ont révolutionné le secteur industriel.

De plus, il existe des associations, comme Refarm’d et le projet TransFARMation, qui viennent en aide aux agriculteurs qui souhaitent faire évoluer leur activité afin que leur source de revenus soit sans cruauté. Nous avons ainsi interviewé TransFARMation, afin de comprendre comment ils participent à bâtir un système alimentaire basé sur l’alimentation végétale.

Pouvez-vous nous présenter votre association et le projet TransFARMation ?

En 2013, nous avons fondé le Sanctuaire et la ferme biologique végane Hof Narr à Hinteregg, en Suisse. Nous avons commencé par sauver des animaux et, en tant que professeur d’éthique, j’ai directement intégré mes cours d’éthique dans la ferme avec les animaux, puisqu’ils peuvent parfaitement raconter leur histoire et les arguments qui expliquent en quoi il n’y a pas de différence pertinente entre un chien, un cochon, une vache, une dinde, un poulet et… moi.

En même temps, nous avons commencé notre agriculture biologique végétalienne, pour montrer que le changement doit se produire dans l’agriculture elle-même, car nous dépendons tous de la nourriture pour survivre. Et nous n’arriverons à rien en nous contentant de nous plaindre de l’agriculture animale sans proposer d’alternatives tangibles. Nous voulions montrer qu’un autre monde est réellement possible.

Cela a suscité l’intérêt des agriculteurs, qui ont soudain vu des moyens de sortir de l’exploitation animale tout en restant agriculteurs et en produisant de la nourriture. En 2018, nous avons eu transFARMed, la première grande ferme laitière à devenir une ferme sans cruauté et un sanctuaire. Grâce à cet exemple devenu viral, de plus en plus d’agriculteurs ont voulu changer et, en 2022, 108 fermes étaient passées de l’élevage à la « ferme vivante » grâce à notre accompagnement.

TransFARMation / Hof Narr
© TransFARMation / Hof Narr

Comment aidez-vous les agriculteurs à abandonner leurs activités liées aux animaux et comment peuvent-ils remplacer leur source de revenus ?
Soit ils abandonnent complètement les animaux, soit ils en gardent autant que possible dans le cadre d’une coexistence pacifique et d’un projet de sanctuaire éducatif. Dans tous les cas, leur principale source de revenus sont les plantes, telles que l’avoine, les céréales, les pois chiches, les pois, les lentilles, les champignons, les légumes ou les fruits.

Quels sont les principaux défis que vous devez relever ?
Les détaillants en Suisse ont tendance à acheter des matières premières à l’étranger et nous luttons encore pour qu’ils achètent directement aux agriculteurs suisses. Or, ce sera un facteur crucial pour un changement systémique. Les agriculteurs doivent pouvoir vendre leurs récoltes directement aux entreprises de la région.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de projets réussis ?
Les projets Lebenshof Aurelio, Lebenshof KuhErde, Lebenshof Einfach Sein, Lebenshof Frei sein, Känguruhof, et beaucoup d’autres qui ne sont pas publics.

TransFARMation / Hof Narr
© TransFARMation / Hof Narr

Pouvez-vous nous présenter en détails l’un des projets de transFARMation ?
Naturhof Waltwil4 est en train de passer de la production d’œufs à une production végétale. En ce moment, nous relogeons 1500 à 1800 poules afin qu’elles puissent vivre selon leurs besoins au sein de petits groupes. L’installation de production d’œufs était remplie, avec 2000 poules, ce qui reste une « petite » installation, mais représente déjà un énorme stress pour les poules concernées, car elles ne peuvent généralement pas gérer plus de 80 individus. Par conséquent, elles sont mentalement et physiquement malades.

C’est également la raison pour laquelle les agriculteurs ne se sentaient pas à l’aise avec cette situation et ne voulaient pas continuer ainsi. Ils ont cherché des solutions pendant un certain temps jusqu’à ce qu’ils nous contactent. À l’avenir, ils vont planter des sources de protéines pour les humains directement et seront également impliqués dans la sensibilisation. Pour cette raison, ils élèvent également certaines de leurs poules dans un autre type d’élevage.

Comment les gens ou les entreprises peuvent-ils aider ? Cherchez-vous toujours un foyer pour certaines poules ?
Nous sommes toujours à la recherche d’un foyer pour 200 poules. En ce moment, nous aimerions que les gens soutiennent la transformation de l’usine de production d’œufs, en accueillant des poules ou en parrainant des poules qui resteront sur place, et en partageant leurs histoires.

Y a-t-il d’autres informations que vous aimeriez partager avec nos lecteurs ?
Si nous voulons vraiment un changement, nous sommes tous invités à soutenir les agriculteurs qui sont assez courageux pour changer. C’est vous qui pouvez faire la différence en soutenant leur chemin semé d’embûches (dans une société qui n’accepte toujours pas les droits des animaux et un lobby d’agriculteurs qui raconte encore l’histoire de la nécessité des produits d’origine animale) en parrainant les animaux sauvés dans ces fermes et en rendant possible un travail de sensibilisation à ces animaux et à leur histoire. Vous pouvez changer le monde. Ensemble, nous le pouvons en un rien de temps… Merci !

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