Politique et législation

Repas végétariens dans les cantines françaises : où en est-on ?

Le 18 mars dernier, lors de l’examen en commission du projet de loi climat à l’Assemblée nationale, le débat autour des menus végétariens a refait surface en France. L’occasion pour nous de faire le point.

Le mois dernier, les députés ont finalement validé l’article 59 du projet de loi climat, permettant ainsi aux collectivités volontaires l’expérimentation de menus végétariens quotidiens dans les cantines. Les collectivités devront toutefois s’assurer du respect de l’équilibre nutritionnel de ces repas et prêter une attention particulière à la mesure du taux de gaspillage, de popularité et du coût des ces repas.

Il est important de noter que la loi EGalim, votée en 2018, avait déjà statué au sujet des menus végétariens. En effet, la loi EGalim, d’octobre 2018, prévoit un ensemble de mesures concernant la restauration collective publique et privée et notamment une mesure test d’un menu dit végétarien. Celui-ci est défini par le gouvernement comme “composé de protéines végétales pouvant aussi comporter des légumineuses, des céréales, œufs, et/ou des produits laitiers”.

Suite à l’adoption de cette loi, depuis le 1er novembre 2019 et jusqu’au 1er novembre 2021, un repas végétarien par semaine doit obligatoirement être proposé dans les cantines scolaires, c’est-à-dire de la maternelle au lycée. Il s’agit d’une mesure menée à titre expérimental pendant deux ans.

“Quelques mois après l’instauration de la loi EGalim, on constate que 73% des villes appliquent la loi dans les écoles maternelles et élémentaires. Ces résultats montrent à quel point les choses ont progressé dans le bon sens, estimait fin 2020 Laure Ducos, chargée de campagne Agriculture et Alimentation à Greenpeace France. 71% des élèves des écoles maternelles et élémentaires ont en effet droit chaque semaine à un menu végétarien (obligatoire ou optionnel) contre seulement 10% il y a deux ans.”

Toutefois, toujours d’après Greenpeace, seulement 3% des élèves ont accès à une option végétarienne plus d’une fois par semaine. Ce qui est insuffisant, dans un pays qui se tourne de plus en plus vers des régimes végétariens, véganes ou au minimum flexitariens.

cantine repas végétarien
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Mais alors pourquoi l’instauration obligatoire d’une option végétarienne à la cantine fait-elle autant débat ?

Pour certains, le coût serait trop important, car les protéines végétales engendrent un surcoût pour la restauration collective. Pour d’autres, qui doutent des qualités nutritionnelles d’un menu végétarien, les repas conventionnels consommés à la cantine représentent “le seul repas équilibré pris par les enfants issus des milieux populaires”.

De l’autre côté, les défenseurs de l’option végétarienne obligatoire prônent l’importance de la baisse de consommation de viande comme outil pour limiter le dérèglement climatique et protéger la planète. Un autre aspect mis en avant est la réduction des coûts, qui permettrait d’acheter des produits de meilleure qualité et de privilégier les circuits courts. Enfin, cela permettrait de lutter contre le gaspillage alimentaire.

Ces observations ont d’ailleurs été confirmées par une enquête publiée en février dernier et effectuée par Greenpeace et l’Association végétarienne de France (A.V.F.). L’objectif de cette enquête est de donner la parole aux acteurs de terrain d’une vingtaine de communes, parmi les 200 qui proposent déjà une option végétarienne quotidienne dans les cantines de leurs crèches municipales, écoles, maisons de retraite, hôpitaux, etc.

repas végétarien
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Voici un petit résumé des résultats de cette enquête :

Concernant l’équilibre nutritionnel :

L’enquête a prouvé qu’un nombre croissant de convives choisit l’option végétarienne et que les établissements ont su s’adapter pour proposer des options végétariennes qui respectent les lignes directrices en termes de nutrition. Par ailleurs, l’enquête montre en réalité une nécessité à proposer des options végétariennes pour respecter les besoins nutritionnels de tous les citoyens : « Lorsqu’il n’ y a pas d’option végétarienne quotidienne, soit les convives ne mangent pas à leur faim, soit ils mangent des repas déséquilibrés (double portion de pâtes, absence de source protéique, etc.) ».

Concernant le gaspillage alimentaire :

« Ce qui se produisait avant, c’est que quand il n’y avait pas de menu végétarien, la viande était mise à part par un certain nombre d’enfants qui, soit n’avaient pas envie d’en manger, soit avaient reçu de leurs parents la consigne de ne pas en consommer », explique Nicolas Daragon, maire LR de Valence (Drôme). « Donc à tous points de vue, c’est bénéfique ». Dans sa ville, 45% des enfants choisissent le menu végétarien au quotidien.

Concernant l’impact écologique :

De plus, selon les études de Greenpeace, si les cantines de toutes les écoles, crèches, hôpitaux, prisons, etc. servaient chaque jour un plat végétarien, cela représenterait une économie pouvant aller jusqu’à 1,35 million de tonnes de CO2. « C’est énorme, c’est presque autant que tous les transports réunis à Paris pendant une année entière, ou encore l’équivalent de plus d’un million de vols Paris-New York aller-retour », fait valoir Laure Ducos, de Greenpeace.

Concernant les coûts :

D’après l’enquête, “91 % des structures interrogées disent que le menu végétarien coûte moins cher ou s’équilibre en termes de budget, 6% seulement disent que c’est plus cher et 3% ne le savent pas.”

Affaire à suivre donc. La France suivra-t-elle l’exemple du Portugal, qui a rendu obligatoire les options végétariennes dans les cantines et cafétérias des lieux publics dès juin 2017 ?

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